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La filière textile s'empare de la thématique des matières dans la dynamique du 100% Made in France : un exemple concret avec le chanvre
Il n’est pas si facile de trouver des fibres textiles complètement écologiques. On oublie le coton, dont la culture est trop gourmande en eau, en pesticides et qui ne peut pas être cultivé localement. Le bambou ? Pas local non plus et souvent mélangé avec des fibres issues du pétrole. La laine ? Pas vegan. Dans ce contexte, le chanvre, qui est une fibre textile écologique produite sous nos latitudes et qui répond ainsi à la dynamique du 100% Made in France, peut-être une alternative. En termes d’image, le chanvre, cultivé pour ses graines et ses fibres, est encore souvent associé à son cousin, le chanvre indien ou cannabis, aux propriétés psychotropes. Or, le chanvre doit contenir moins de 0,2% de THC, substance psychoactive, pour pouvoir être cultivée et subir une transformation en France ou en Europe et donc être utilisée par l'homme.
Le chanvre, une fibre textile écologique de proximité
Le chanvre possède bien des qualités, en particulier sa faible consommation d’eau et de pesticide, sa croissance rapide et son rendement élevé. L'agriculteur sème la graine en mai dès que la terre est réchauffée, il moissonne les graines et taille les tiges qu'il laisse au sol en aout. En août également a lieu l'étape de rouissage (sous l’action de l’humidité et de la chaleur, les champignons se développent et détachent la fibre de la chènevotte) et enfin la mise en balle en septembre.
Cette plante rustique, qui pousse sur tous types de sols, s’intègre parfaitement dans la rotation des cultures, notamment en agriculture biologique, et permet de laisser un sol riche et propre pour les cultures qui suivent. Elle répond au besoin de production de proximité et à la volonté grandissante de mettre en place des circuits courts.
La fibre de chanvre peut être mélangée avec d’autres matières, notamment du coton, en mélange intime ou durant le tissage. Ses propriétés anti-UV, anti-fongiques, anti-bactériennes et thermorégulatrices en font une matière noble et de qualité à nouveau recherchée pour la réalisation de tissus et des applications dans l’habillement notamment.
On connaît aujourd’hui le chanvre un peu rêche, qui se positionne face à la toile de jute pour la fabrication d’accessoires. Demain, il sera possible de porter un tee-shirt ou une robe de soirée en chanvre, agréable au contact de la peau. Les industriels et laboratoires de recherches travaillent de concert en ce sens pour la fabrication d’un fil de chanvre long et fin qui autorisera des applications similaires à celles du coton ou du lin.
Aujourd’hui, les fibres de chanvre, bio ou non, sont envoyées en Espagne ou en Turquie pour être transformées en fils, ce qui complexifie les développements et la recherche. La filière française a donc un retard à rattraper. Le développement de la R&D, les progrès sur la détermination de l’usage des fibres, de leurs spécificités (comme la durabilité, la résistance), la réalisation de tests en laboratoire… sont des sujets dont les acteurs doivent s’emparer pour augmenter la propension des industriels à utiliser cette matière en vue de produire un tissu et les marques en vue d'en confectionner un vêtement.
Les territoires accompagnent le développement de la matière chanvre pour des usages textile
Plusieurs territoires français se sont emparés de cette thématique dans l’objectif de profiter des avantages de cette matière première dans la fabrication de vêtements notamment.
Dans le Grand Est, trois organisations du textile, l’Union des Industries textiles de Champagne-Ardenne, le Syndicat textile de l’Est et le Pôle textile Alsace, travaillent en synergie sur l’organisation de la filière en Grand Est et sur l’utilisation et le déploiement des fibres libériennes et notamment du chanvre. Ce territoire accueille également le Pôle européen du chanvre joue un rôle de catalyseur pour le déploiement du chanvre en textile avec le recensement des besoins pour que l’offre corresponde aux attentes du marché. Il met en relation l’ensemble des acteurs de la bioéconomie dans le cadre de la structuration d’un écosystème global autour du chanvre.
Sur le territoire la Communauté de Communes de Charlieu Belmont dans la Loire, qui avait une activité historique dans les produits en chanvre jusqu’au début du XXème siècle et sur lequel se situent plusieurs entreprises textiles en demande de cette nouvelle fibre, les élus mobilisent les agriculteurs en les intéressant à cette nouvelle culture, qui pourrait également faire partie d’un projet plus large. En effet, la Loi Egalim impose aux collectivités qui préparent des repas d’assurer un approvisionnement des denrées au minimum à 50% en local. La culture du chanvre viendrait en complément d’activités de maraîchage que la collectivité ferait développer aux agriculteurs : le chanvre apporte en effet une aération des terrains naturelle et non mécanique, très utile dans la production maraîchère.
La Région Occitanie développe, via son agence de développement économique AD’OCC, une filière chanvre depuis plusieurs années. En mode coopératif, une activité de filature vient d’être lancée, encore en sous-production.
Des initiatives se développent par ailleurs en Région Auvergne-Rhône-Alpes, par exemple celle d’Aura Chanvre. Les 2 créatrices Charlotte Nelis et Margaux Lamourelle . Lauréates de l’appel à projet “Ensemble, accompagnons la transition de l'agriculture en vallée du Rhône” soutenu par la CNR avec le projet Chanvr’AIR (Ain, Isère, Rhône), il s’agit de réunir des agriculteurs de l’Ain, de l’Isère et du Rhône pour mener des expérimentations agroécologiques pendant 3 ans, première étape pour implanter durablement la culture du chanvre textile sur le territoire Région Auvergne-Rhône-Alpes.
La matière chanvre a donc un bel avenir devant elle, comme l'a déjà compris la marque allemande HempAge, qui commercialise tout type de produit en chanvre en promouvant un achat écoresponsable de vêtements naturels.